2/10/2017

Gribouille

Petit matin de centre ville. Les habitués du café. Surcharge de crème et de maquillage. Dents abîmées. Teints goudronnés. Remugles des premières clopes mélangés aux parfums. Yeux en gribouille. Des peaux de vieux ciel et d'eau sale. Des corps tordus, penchés, voûtés. Des bouts de graisse ou d'os qui dépassent. Couleurs synthétiques des vêtements, criardes et délavées en même temps. Ils ne sont pas négligés, ni sales, juste usés, fatigués déjà, intoxiqués encore. Intoxiqués de misère. Ceux qui parlent trop fort. Ceux qui se taisent trop fort. Les regards qui cherchent l'autre. Les fanfaronnades apitoyantes. Est ce que ce machin blême qui gratte en tremblant ses tickets de jeu croit encore que sa vie peut changer ? Est ce que chaque matin, pour chacun d'eux, des choses sont encore possibles ? Ce que le temps fait à nos corps.  A nos vies. Ce que la misère inflige. Ce qui reste beau dans la laideur de ces sourires.

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